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qui s’est, formée pour l’entendre, il prend la parole et se félicite d’abord de la foule immense dont il est environne, il ne veut pas qu’on le confonde avec ces misérables rhéteurs ambulants qui cachent la main d’un mendiant sous le manteau d’un philosophe. Il se compare au rhéteur Hippias ; mais s’il ne sait pas comme lui faire de ses propres mains ses vêtements, son anneau et son pot à l’huile, « en revanche, dit-il, je fais profession de savoir tirer d’une même plume des poëmes de toute espèce, ceux dont on marque la cadence sur la lyre, ceux qu’on récite chaussé du socque ou du cothurne ; des satires, des énigmes, des histoires de tout genre, des discours que loueront les hommes éloquents, des dialogues approuvés des philosophes, et tout cela à volonté, en grec ou en latin, avec la même application, avec le même style[1]  »

Voilà jusqu’où avait été poussée l’effronterie et je dirai, en même temps, l’avilissement de l’éloquence. ; et cet homme, qui commence à s’apercevoir qu’il s’est trop loué, s’excuse en disant qu’il s’est loué ainsi pour fixer l’attention du proconsul par l’éloge duquel il termine, se rendant deux fois odieux a force de vanité et à force de bassesse. Vous voyez que l’éloquence est perdue : peu importe que dans les écoles on donne encore des le-

  1. Apulée, Florid. I II. initio.