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sujets qu’avaient donnés les siècles de liberté eurent disparu. Au temps où nous sommes, il ne reste plus à l’éloquence que trois emplois le barreau d’abord qui, sous Valentinien, a du moins reconquis la publicité de la parole. C’est là un des bienfaits des empereurs chrétiens, et dans le forum des grandes villes, à Milan, à Rome, à Carthage, subsistent encore un certain nombre d’orateurs renommés pour leur habileté à plaider une cause. Mais la fortune n’est pas là, car Martianus Capella, si vanté de ses contemporains, si remarquable par l’étendue de son érudition et la souplesse de son langage, avoue que jamais le barreau de Carthage ne l’avait enrichi, et qu’il mourait de faim au milieu des applaudissements dont on l’entourait au tribunal du proconsul.

Le deuxième emploi de l’éloquence, c’est le panégyrique panégyrique des empereurs, panégyrique des ministres et des favoris des empereurs, et encore des favoris des ministres. L’éloquence, avilie en se mettant ainsi aux pieds de toutes les grandeurs dégénérées et méprisables de ce temps, y devait perdre tout ce qui fait l’inspiration saine, c’est-à-dire la noblesse du cœur. En effet, qu’attendre de ces gens qui, pour louer Maximin, ce collègue de Dioclétien, ne trouvent moyen de le comparer qu’à Hercule car le comparer à Alexandre, ils n’y songèrent pas, c’est trop peu de chose ; ou bien ils auront