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vait jamais pu obtenir qu’on chantât : Super ipsum efflorebit sanctificatio mea. On chantait floriet. toute la docilité chrétienne n’avait pu déraciner ce solécisme. De même saint Augustin dit encore que pour être entendu du peuple, il ne faut pas dire Non est absconditum a te os meum mais ossum meum, et il aime mieux lui-même parler ainsi ; « car, dit-il, il ne s’agit pas tant d’être latin que d’être compris. » Saint Jérôme, tout amoureux qu’il est encore de la belle langue des poëtes et de ses souvenirs classiques de Cicéron et de Plaute, accorde que les Écritures doivent être d’une simplicité qui les mette à la portée d’une assemblée d’Ignorants. Cependant c’est surtout dans la poésie que l’intervention du peuple devient sensible, nouvelle et féconde avec le christianisme. A côté de cette poésie savante dont un petit nombre seulement pouvait goûter les jouissances, pendant que les oreilles exercées des courtisans d’Auguste savouraient toute l’harmonie des dactyles et des spondées tombés des lèvres de Virgile, le peuple romain, trop grossier pour ces plaisirs d’esprit, avait assurément d’autres jouissances poétiques : il avait ses poésies populaires, ses atellanes que nous connaissons peu, ses vieux vers saturnins que nous ne connaissons pas davantage. Nous ne savons, des goûts poétiques des anciens Romains, qu’une seule chose, laquelle nous intéresse infiniment, c’est que dans les vers ils goûtaient beaucoup la rime.