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théologiques du christianisme grec passèrent a leur tour dans la langue latine, et là aussi je tiens peu de compte des mots nouveaux que l’on fut contraint d’emprunter aux Grecs, comme par exemple, tous les mots relatifs à la liturgie, à la hiérarchie episcopus, prebyter, diaconus, le nom de Christ, le Paraclet et, les noms de baptême, d’anathème et. tant d’autres. Mais ce ne sont pas la des conquêtes qui comptent pour une langue, c’est comme la pierre que l’avalanche ramasse dans sa chute et qui ne fait pas corps avec elle.

Ce que la langue latine apprit à l’école du christianisme grec, ce ne furent pas non plus ces artifices oratoires, ces jeux de nombre et de rhythme auxquels Cicëron s’étaitarrêtë ; mais elle appris à suppléer à son insuffisance philosophique, à cette insuffisance dont Cicéron lui-même se plaignait lorsque, dans ses efforts pour traduire les écrits de Platon et doter sa langue de ce que la Grèce avait pensé, par moments, il s’avouait désespéré et vaincu. Le christianisme n’accepta pas ce désespoir et cette.défaite, et quand la langue latine eut une fois osé traduire les épîtres de saint Paul, c’est-à-dire ce qu’il y avait de plus hardi et de plus difficile dans la métaphysique chrétienne, il n’était rien désormais qu’elle ne put tenter. D’abord le christianisme fit ces mots nécessaires à toute théologie chrétienne : spiritualis, carnalis, sensualis, pour désigner ce qui rapport à l’âme, à