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qui arrivait, ainsi dans les richesses nouvelles de la langue chrétienne je veux dire ce parallélisme qui est le génie même des Hébreux. Les Grecs composent presque toujours sur le nombre trois ainsi, l’ode grecque est composée d’une strophe, d’une antistrophe et d’une épode ; il y a dans la grammaire grecque trois temps, le présent, le passé et le futur. Mais il n’en est pas ainsi dans le génie des Hébreux là, au contraire, les versets d’un psaume se divisent toujours en deux parties à peu près égales qui.se balancent et répondent l’une a l’autre. Vous ne trouvez dans cette langue que deux temps, par un caractère qui lui est d’ailleurs commun avec les autres langues sémitiques. L’hébreu n’a pas de présent. Et avec raison car qu’est-ce que le présent ?, c’est un point d’intersection invisible entre le passé et l’avenir ; il n’y a pas de temps présent qui ne soit divisible en deux portions, l’une passée, l’autre future il n’y a donc pas de présent. Aussi la langue hébraïque ne connaît que le passé et le futur, de même que le peuple hébreu n’a pas de destinée présente et ne connaît que sa destinée passée, qui s’appelle la tradition, et sa destinée à venir, qui s’appelle les prophéties. De là dans cette langue ; dans cette poésie, .ce caractère tout nouveau qui fait que, sans cesse, sont en présence ces deux temps, la tradition accomplie et la prophétie qui doit s’accomplir, se répondant et s’appelant l’une l’autre, et, au milieu