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étaient bien aises de les garder car,’dit saint Jérôme, il se rencontre des gens qui tiennent à avoir de beaux manuscrits sans chercher s’ils sont corrects. Le génie et l’enthousiasme de saint Jérôme ne furent pas de trop pour affronter tous les écueils et tous les dégoûts de ce long travail. Il y fut soutenu par l’amitié et la docilité de sainte Paule, d’Eustochie et d’autres dames romaines qui partageaient ses travaux. Ainsi aidé et soutenu il avance dans cette œuvre difficile avec un système de traduction qu’il fixe lui-même, et qui consiste à.pratiquer sans cesse deux règles : la règle la plus commune est de conserver, autant qu’il se peut, sans blesser le sens, l’élégance et l’euphonie de la langue dans laquelle on traduit; ainsi, dit-il, Cicéron a traduit Platon, Xénophon et Démosthènes; ainsi les comiques grecs ont passé sur la scène latine avec Plaute, Térence et Cécilius; c’est ainsi encore qu’il se propose de transporter les beautés de la langue hébraïque dans les textes latins sans en altérer la pureté grammaticale. Mais la seconde règle, a laquelle il sacrifie la première, c’est que, lorsqu’il s’agit, de conserver le sens, de traduire un passage obscur, rien ne doit coûter, et qu’il faut violenter la langue qui traduit plutôt que de dissimuler l’énergie de la langue traduite à tout prix, il est nécessaire de rendre le texte divin. Voilà ce que saint Jérôme veut, se propose et pour-