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les Grecs, dans de longs entretiens, qui ne consume pas son temps sur les degrés de marbre du Parthénon et sous les portiques de l’Agora. On voit, au contraire, des hommes pressés, moins avides d’idées que de gain, qui se rencontrent à peine sur un chemin poudreux, dévorés des rayons du soleil, et qui échangent brièvement, dans la langue la plus contractée, la plus courte possible, les mots qui expriment leurs droits, leurs désirs, leurs espérances. Ainsi, s’agit-il de la guerre, ce sont toutes ces courtes, ces fortes expressions : Mars, vis, la guerre, la force ; aes, l’airain dont se font les armes. Il s’agit de la campagne, n’attendez pas qu’ils en célèbrent les beautés dans des expressions harmonieuses qui rempliront l’oreille ; au contraire, ce sont des monosyllables : flos, frux, bos , fleurs, fruit, boeuf, tout ce qui est nécessaire à l’homme des champs se terminé par un son bref, aussi court que le moment qui lui est donné pour mettre son grain en terre et le recouvrir. La langue des affaires a sa semence, son germe dans.ces expressions resserrées où toute l’énergie d’un peuple plaideur, d’un peuple juridique, semble s’être concentrée : jus, fas, lex, res, droit, justice, loi, chose, en un mot toutes les racines essentielles de la langue du droit. Sans doute ; si on y regarde de plus près, on découvre l’affinité du latin avec le dialecte éolien et des traces d’une parenté plus lointaine avec les langues de l’Orient, avec la langue sanscrite, par exemple.