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nes nés pendant, les âges qui vont suivre, et nous en aurons bientôt le spectacle. En effet, les barbares viennent, mais le christianisme a pris soin de s’assurer de leurs filles les vierges franques et anglosaxonnes remplissent les monastères, et les saints écrivent pour elles, comme les Pères pour les vierges des premiers siècles. Ainsi Fortunat passera de longues années à Poitiers, composant des vers pour sainte Radegonde, épouse du roi Clotaire ; saint Boniface, au milieu des travaux immenses de son apostolat, adresse des vers à la belle Lioba, abbesse d’un des monastères d’Angleterre, qui, plus tard, suivit la trace de Boniface, continua ses travaux apostoliques et éleva des couvents dans les forêts de la Germanie pour faire l’éducation des jeunes barbares. Ainsi Alcuin comptera parmi ses disciples les filles et les nièces de Charlemagne ; elles lui demanderont des commentaires sur saint Jean, et elles ne manqueront pas de lui rappeler que saint Jérôme ne méprisait point les prières des nobles femmes, et qu’il leur écrivait de longues lettres pour dissiper les obscurités des prophéties, et il y a moins loin, ajoutent-elles, de Tours à Paris que de Bethléem à Rome. Comment aurait-il pu résister ? Aussi désormais on voit son exemple entraîner la postérité : les femmes chrétiennes prennent peu à peu rang dans la théologie et dans les lèttres ; c’est au dixième siècle, Hroswitha ; au douzième, sainte Hildegarde ; plus tard, c’est sainte Catherine de