Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de langues puisque l’interprétation de l’Écriture sainte est fondée sur l’étude des langues, et que ces femmes illustres parlaient latin, grec, hébreu ; Paula, en effet, chantait les psaumes en hébreu, et saint Jérôme, lorsqu’elle touchait à ses derniers moments, s’étant approché d’elle pour lui demander si elle souffrait, elle lui répondit en grec. Aussi ces deux femmes ne lui laissaient pas de repos elles le pressaient de relire avec elles la Bible tout entière, d’un bout à l’autre, en leur en expliquant tous les détails. Longtemps il se refusa à leurs instances ; mais enfin, ne pouvant plus résister, il y consentit, et éprouva ~bientôt à quelles difficultés il s’était exposé elles ne souffraient pas qu’il ignorât quelque chose, il ne lui était pas permis de déclarer qu’il ne savait pas, et il devait dire au moins quelle était l’opinion la plus probable. Ce fut pour elles qu’il entreprit ce grand ouvrage qui fit sa gloire et sa puissance, qui, après tout, a fait de lui le maître de la prose chrétienne pour tous les siècles suivants la traduction de l’Écriture sainte. La Vulgate fut entreprise pour satisfaire aux impatiences et aux ardeurs de ces deux femmes : c’est à Paula et à Eustochie qu’il dédie les livres de Josué, les Juges, les Rois, Ruth, Esther, les Psaumes, Isaïe, les douzes petits prophètes, et dans sa dédicace il déclare qu’elles seules ont eu le pouvoir de le décider à reprendre la charrue pour tracer ce laborieux sillon et écarter les brous-