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dernière conversation il retournera à Dieu, il arrivera très-avant dans la science de Dieu ; mais toujours il y retournera par la même route, repassant par les mêmes lieux, où pour la première fois, encore inexpérimenté, il ne s’était aventuré que sous l’aile de sa mère.

Saint Augustin est un tendre génie qui pu être un jour saisi par la main d’une mère. Mais il doit en être autrement, ce semble, de saint Jérôme : et le plus merveilleux, c’est que cet homme fougueux a l’esprit indompté, à l’imagination ardente et indisciplinée, que le christianisme a conquis, ne s’est développé que sous ces mêmes inspirations des femmes chrétiennes. Nous avons déjà vu saint Jérôme à Rome; ce qui est moins connu, c’est qu’il avait alors cinquante-deux ans, et que, jusque-là, il avait très-peu écrit, deux ou trois lettres seulement, quelques traités d’une médiocre importance. C’était là tout-le produit de, cette longue vie, mûrie au désert. Sur sa réputation, il ne tarda pas à être entouré d’un grand nombre de matrones chrétiennes des plus illustres de Rome, Paula et ses deux filles, Eustochie et Blesillà ; Félicitas, Albina, Marcella, Lœa, veuve, et Asella, vierge. Marcella, chez laquelle toutes les autres se rassemblaient pour entendre le grand docteur, dévorée de la passion des Écritures, ne voyait saint Jérôme que pour lui poser des questions, multipliant les objections autour de lui, ne l’abandonnant que lorsque la lu-