Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelqu’un, il est sûr que personne ne lui fera de reproche d’avoir donné la parole à sa mère. Lorsqu’il dispute sur le souverain bien, c’est Monique qui ouvre cette opinion que l’âme n’a d’autre aliment naturel que la science, que l’intelligence de la vérité ; et il se trouve par là qu’elle rencontre l’Hortensius de Cicéron. Saint Augustin, ravi de cette circonstance, déclare que sa mère a remporté la palme de la philosophie, que c’est à elle qu’il doit cette passion de la vérité qu’il préfère à toute chose ; qu’il lui doit de ne penser qu’à cette vérité, de ne vouloir connaître qu’elle ; de telle sorte qu’il fait remonter toute sa vocation de penseur à l’inspiration qui lui vient de sa mère[1]. C’est, en effet, ce qu’il justifie dans ce passage de ses Confessions, qu’on ne peut trop rappeler, lorsqu’il nous raconte que peu de jours avant la mort de Monique il se trouvait avec elle près d’une fenêtre à Ostie, que là ils s’entretinrent ensemble de la vie future, de Dieu, de l’éternité, et qu’à un moment, par un effort du cœur, ils y touchèrent. Monique conclut l’entretien en déclarant qu’elle n’avait plus rien à faire sur la terre. Elle mourut en effet bientôt, mais son œuvre est accomplie ; elle a fait de son fils tout ce que Dieu l’avait chargée d’en faire[2]. Augustin reprendra plus d’une fois ce chemin de l’éternité qu’il avait suivi un soir avec sa mère dans cette

  1. S. Augustin, de vita beata, l. I, ch. viii.
  2. Confessiones, IX, c. ix.