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nia Proba, qui fit un centon en l’honneur du christianisme. Ce sont là les faibles titres littéraires des femmes chrétiennes des premiers siècles, ou plutôt c’est leur gloire d’avoir compris que dans les lettres. comme dans’l’État leur empire doit être invisible, et que leur fonction est mille fois moins de paraître que d’inspirer.

On ne voit pas que chez les anciens les femmes aient inspiré des travaux sérieux parcourez les lettres familières de Cicéron, et vous en trouverez très-peu adressées à des femmes; parmi les lettres de Symmaque, aucune ne s’adresse à des femmes. Sénèque, il est vrai, a écrit à sa mère et à Helvia pour les consoler ; cet homme orgueilleux, qui traitait les femmes avec tant de dédain, une fois avait été touché de leurs larmes. Mais à peine le christianisme a-t-il paru, que déjà l’exemple du Sauveur instruisant la Samaritaine est imité. Saint Jean écrit à Électe, et tous les Pères de l’Eglise écrivent pour des femmes. Tertullien compose les deux livres, ad Uxorem suam, le traité de Cultu feminarum, le traité de velandis Virginibus. Ce génie si fier, ce génie indompté, s’humilie devant les servantes du Christ, et il se déclare le dernier venu et le plus humble de leurs frères. Saint Cyprien tient le même langage dans son livre de Habitu virginum. Saint Ambroise compose trois écrits sur la virginité, et s’adressant à celles qui liront son livre, il leur dit « Si vous trouvez ici quelques fleurs, ce