sur les lèvres. Il ne veut pas qu’on perce les oreilles de ces enfants, qu’on teigne leur visage avec du carmin et de la céruse, qu’on donne à leurs cheyeux une couleur de flamme, qui est comme un premier reflet de l’enfer. Il demande que de bonne heure on s’applique à dégager leur intelligence, qu’on mette des lettres d’ivoire entre leurs mains pour leur apprendre à former des mots, que l’on confie d’abord à leur mémoire un grand nombre de vers grecs que les études latines viennent ensuite ; qu’on ne leur laisse pas ignorer l’Écriture sainte, et enfin les écrits des Pères[1].
Voilà l’éducation mâle et, grave que saint Jérôme propose, aux filles des chrétiens. Je ne m’étonne plus qu’il offre, au besoin, de la donner lui-même, et qu’il écrive à Laeta du fond de son désert. « Je la porterai sur mes épaules, je formerai ses lèvres bégayantes, bien plus glorieux qu’Aristote il élevait, un roi destine à périr par le poison des Babyloniens, moi j’élèverai une servante, une épouse du Christ, héritière du ciel[2]. » Avec cela on peut s’étonner que les femmes chrétiennes des premiers siècles aient si peu écrit, car on ne saurait, guère citer qu’un petit nombre de lettres admirables[3], qui ont toujours été leur triomphe, et quelques vers comme ceux de Falto-