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que les hommes. Nous voyons la même question agitée dans tous les siècles barbares et renouvelée au temps du roi Lothaire, lorsqu’il veut répudier son épouse Teutberge. Nicolas 1° résiste, et. déclare, en réponse à toutes les sollicitations, qu’il ne veut pas souffrir que le désordre étende ses racines-et. encourage les hommes qui se lasseront de leurs femmes. La même question reparaît..dans la lutte du pape Grégoire VII et de l’empereur Henri IV, qui ne songe à mettre la main sur les investitures que pour rompre son mariage avec Berthe, fille du margrave de Saxe ; entre Innocent III et Philippe Auguste au seizième siècle, elle se renouvelle entre Henri VIII et Clément VII ; et alors —on eut ce grand spectacle de la papauté consentant à voir le schisme d’Henri VIII. plutôt qu’à signer son adultère, à perdre une province de l’empire chrétien plutôt-que le dogme régénérateur de la famille chrétienne. Et ce n’était pas trop de deux siècles pour lutter contre les instincts violents de ces hommes du Nord, qui n’avaient abjuré aucune des passions de la chair ; ce n’était pas trop de lutter si longtemps pour arriver faire refleurir cette délicatesse de sentiments qui existait dès le cinquième siècle au sein de la société chrétienne, et devait s’éclipser un moment pour reparaître plus tard, et faire aujourd’hui toute la pureté et tout le charme de la civilisation moderne.

C’est à la condition de cette place qui lui est