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ANNÉE 1842

nager les épreuves, et il les multiplie pour ceux qui deviennent forts. Nous sommes tous deux jeunes et tous deux comblés de bienfaits providentiels et tous deux cependant nous avons assez appris que la vie n’est pas un lieu de repos dans vingt ans d’ici nous le saurons bien mieux encore. Mais dans quarante ans au plus, nous saurons aussi ce que valaient ces peines et ce que pouvaient nous mériter ces farigues.

Ne croyez pas pourtant, mon cher ami, que j’écrive ceci pour me dispenser des prières que vous me demandez. Je comprends combien vous devez souffrir de vos propres peines, de ce déchirement de la nature, et de la juste désolation de madame L. Nous demanderons que vous ayez la résignation, que vous ayez la santé nécessaire pour soutenir un coup si rude. Vous nous donnerez part dans vos souffrances qui doivent être bien méritoires. Ainsi se fera cet échange d’amitié dont j’ai tant besoin pour devenir meilleur. Adieu, donnez-moi bientôt de vos nouvelles, ne fût-ce que par trois lignes jetées à la poste. Croyez du moins que, depuis votre lettre, mes pensées et celles d’Amélie ont été bien souvent vers vous.