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ANNÉE 1842

tion si forte : nous avons si peu d’hommes pour retourner de notre côté l’opinion publique. Peut-être cet effort prématuré appellera-t-il une réaction terrible ; un débordement voltairien peut se faire, et la foi d’un grand nombre y périr ! Mais au point où en sont venues les choses, il faut garder, et s’il se peut, étouffer ces inquiétudes, et il ne reste plus qu’à se tenir unis, pour vaincre, ou périr avec honneur. L’année dernière on pouvait encore retarder le combat, maintenant toute tentative de temporisation ne servirait qu’à diviser nos forces ; il faut suivre le mouvement inévitable des hommes et des choses, en se confiant à Dieu qui le mène ; et se tenir prêt à tous les sacrifices, en pensant que, s’ils ne servent pas à assurer le succès de la lutte présente, ils auront leur prix tôt ou tard, en ce monde ou dans l’autre ; et que lorsque nous pensons avoir perdu nos efforts, notre temps, et nos peines, souvent la Providence en tire un bien beaucoup plus grand, auquel nous n’avions pas songé. Telles sont mes dispositions d’esprit et de cœur, et vous comprenez que j’approuve tout à fait la polémique soutenue par le Correspondant , avec cette dignité, cette gravité que je voudrais voir dans tous les écrits émanés de plumes chrétiennes. Du reste, je pense toujours qu’il ne faut point réduire l'intérêt de cette revue à une seule question, à une seule controverse, et que son autorité en matière religieuse doit être soutenue par le mérite de ses ar--