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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

Vous voyez donc que vos,avis m’auraient été souvent nécessaires, et souvent dans mes embarras, ma pensée prenait le chemin de votre maison de Beaune où elle aurait été sûre de trouver un bon et judicieux conseil. Souvent aussi, nous nous rappelions les longues soirées que vous vouliez bien passer avec nous il y a deux ans, et nous sentions combien nous aurions encore besoin de votre visite amicale. Plusieurs fois j’ai pris la plume pour m’épancher un moment auprès de vous toujours des devoirs pressants me l’ôtaient des mains, et je suis arrive ainsi jusqu’aux vacances de Pâques, que j’ai promis de ne pas laisser passer sans me donner enfin cette consolation.

Comme je sais bien que votre amitié s’intéresse à tous les détails de mon intérieur, je commence par vous dire que la Providence nous a fait cette année une vie douce et un peu plus animée, en rapprochant de nous mes deux frères. Avec eux, j’ai ramené une vieille domestique qui est depuis plus de- soixante ans dans la maison, et qui nous a tous élevés. Nous avons rapporté nos portraits de famille, quelques anciens meubles, toutes ces choses qui perpétuent les traditions domestiques. Ainsi, nous nous sentons mieux établis dans notre jeune ménage, qui n’est pas sans gaieté. D’ailleurs le travail ne me laisserait guère le loisir de m’ennuyer, quand je le voudrais ; et quand je trouve quelques moments de repos, je n’ai pas besoin du