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PRIÈRE
San Jacopo, 15 mai 1853.

Nous ne sommes pas assez reconnaissants des petits bienfaits de Dieu. Nous le remercions de nous avoir créés,rachetés et faits chrétiens, de nous avoir donné de bons parents, une femme et un enfant bien-aimés, de s’être tant de fois donné lui-même au sacrement de l'autel !. Mais après ces grâces puissantes qui soutiennent pour ainsi dire la trame de la vie, combien de grâces plus délicates en forment le tissu ! C’est le bon camarade que je rencontrai la première année de collège, et qui m’édifia au lieu de me pervertir. C’est, quand j’arrivai à Paris, le paternel accueil de M. Ampère, et ce conseil de M. de Chateaubriand de ne pas mettre les pieds aux théâtres. C’est bien moins que cela, une inspiration qui me pousse à voir mes pauvres un jour de mauvaise humeur, et qui me fait descendre de chez eux tout humilié de mes misères d’imagination devant l’effroyable réalité de leurs maux. C’est souvent une circonstance de