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amis. Il faut donc qu’ils me compatissent et qu’ils me permettent un silence utile à mon amour-propre autant qu’à ma santé, ou plutôt, votre jalousie me fait beaucoup d’honneur. Mais je vous respecte trop pour me permettre de vous écrire les fantaisies qu’une vieille familiarité me permet avec notre aventurier des deux mondes. Cependant si tout de bon vous voulez un récit, vous allez l’avoir non pas de Rome ou de Milan, mais de Saint-Jacques. Malheureusement ce n’est pas Saint-Jacques de Compostelle.

Madame Ozanam a la singulière idée d’écrire sous une vignette du Campo Santo. Je crains que vous ne preniez cela pour une lettre de faire-part, et je me hâte de protester. Assurément à Pise, j’ai eu des jours assez mauvais pour rêver un prochain repos sous les dalles de marbre de ce beau lieu, et peut-être aurais-je trouvé assez de protecteurs pour obtenir une petite place en échange de l’amour que je porte à l’Italie et à son poète souverain.

Vogliami’l lungo studio, e’l grande amore
Che m’han fatto cevear lo suo volume.

Mais jusqu’ici je n’ai pas eu lieu de briguer cet excès d’honneur. J’ai erré au Campo Santo devant ces fresques qui vivent toujours, j’ai pris quelques-uns des rhumes qui habitent ses humides portiques, mais je n’ai point disputé la terre à ses