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XCIX
À M. AMPERE.
Pise, 15 avril 1853.

Mon cher ami,

Je viens vous dire une pensée qui n’a pas osé se glisser dans ma dernière lettre. Mais j’ai peur que vous me grondiez d’avoir manqué de confiance, et je vois bien qu’il faut. avouer tout. Sachez donc, cher ami, que j’ai été fort malade et que je me le suis cru plus encore que je ne l’étais. Durant les trois dernières semaines du carême, je pensais sérieusement à me préparer aux derniers sacrifices. Il en coûtait beaucoup à la nature ; cependant il me semblait que, Dieu aidant, je commençais à me détacher de tout, hormis de ceux qui m’aiment et que je puis aimer ailleurs qu’ici-bas. Mais ma pauvre femme a tant prié et tant fait prier que, depuis Pâques, je commence à revivre, et sans être guéri je puis espérer ma guérison. Le mal est que je me rattache en même temps à la vie et à toutes les vanités de la vie. A mesure que