Mon très-cher ami,
Que vous êtes bon de m’écrire et d’excuser votre
retard, quand je songeais moi-même à me faire
pardonner mon silence ! Vraiment c’était œuvre de
Jeudi-Saint de visiter ainsi les exilés de Pise, de
porter de bonnes paroles aux malades et aux affligés.
Qu’il est aimable à vous, au milieu d’un monde
qui vous adore, de vous rappeler la petite cellule
de Sceaux et la table frugale de la rue de Fleurus !
Nous autres solitaires, nous avons tout le loisir de
regretter ces beaux jours ; et quand je m’enfonce à
votre suite dans les déserts de l’Ohio, ou au milieu
du tourbillon vivant de New-York, je voudrais entendre
encore le lecteur charmant qui nous conduisait
avec tant d’émotion sur les bords de la Moselle,
ou même dans les pêcheries enfumées de
Drontheim.
Si donc je suis resté trop longtemps sans répon-