Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/519

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XCVII
À M. AMPERE.
Pise, mardi de Pâques 1853.

Mon très-cher ami,


Que vous êtes bon de m’écrire et d’excuser votre retard, quand je songeais moi-même à me faire pardonner mon silence ! Vraiment c’était œuvre de Jeudi-Saint de visiter ainsi les exilés de Pise, de porter de bonnes paroles aux malades et aux affligés. Qu’il est aimable à vous, au milieu d’un monde qui vous adore, de vous rappeler la petite cellule de Sceaux et la table frugale de la rue de Fleurus ! Nous autres solitaires, nous avons tout le loisir de regretter ces beaux jours ; et quand je m’enfonce à votre suite dans les déserts de l’Ohio, ou au milieu du tourbillon vivant de New-York, je voudrais entendre encore le lecteur charmant qui nous conduisait avec tant d’émotion sur les bords de la Moselle, ou même dans les pêcheries enfumées de Drontheim. Si donc je suis resté trop longtemps sans répon-