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il y a quelques années, et qui depuis ont si souvent captivé vos auditeurs. Je crois bien que je ne saurais mieux faire que de vous le laisser poursuivre jusqu’au bout. Je connais bien des gens et parmi mes plus proches, qui vont jeter les hauts cris si je veux remonter en chaire au mois de mai. Attendons cependant et ne devançons pas la Providence. Écrivez-moi, cher ami donnez-moi aussi des nouvelles de la faculté ; notre union si intime autrefois n’est-elle pas un peu relâchée ? Allons-nous au baccalauréat ès sciences, et quelle figure y fait notre latin ?

Ah pauvre Sorbonne que de fois je retourne en esprit vers ses murs noirs, dans sa cour froide, mais studieuse, dans ses salles enfumées, mais que j’ai vues remplies d’une si généreuse jeunesse ! Cher ami, après les consolations infinies qu’un catholique trouve au pied des autels, après les joies de la famille, je ne connais pas de bonheur plus grand que de parler à des jeunes gens qui ont de l’intelligence et du cœur. Voilà pourquoi mes souvenirs me ramènent souvent a Paris, pendant que les vôtres viennent me chercher’au Campo Santo mais vous m’y trouverez peu. Le temps impitoyable qui règne depuis quarante jours ne me permet presque jamais d’errer sous ces portiques saints, devant ces peintures naïves et charmantes, qui faisaient pour moi d’avance tout le prestige du séjour de Pise. Heureusement je puis me réfugier