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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM.

titudes du sort, de la santé, de la vie, nous pouvons nous livrer toujours à la Providence qui ne nous abandonnera pas, et à notre famille qui représente ici-bas la Providence pour nous. Il est consolant de ne point se sentir seul au monde, et tout en s’aimant tendrement l’un l’autre, de savoir que d’autres aussi nous aiment ailleurs.

J’ai repris mon cours, et bien que le sujet entamé l’an passé soit maintenant plus restreint, plus spécial, moins attrayant, l’auditoire se maintient ; je le trouve toujours nombreux et bien disposé.

Mais les embarras de l’arrivée, la multiplicité des visites, les démarches, quelques articles dans les journaux, ne m’ont pas encore laissé la liberté nécessaire pour m’occuper d’un livre.

Vos observations sur ma manière défectueuse de travailler et sur la fatigue excessive qu’elle me cause sont parfaitement justes, et plus d’une fois je me les suis adressées moi-même. Malheureusement, en matière de style, l’habitude devient une seconde nature ; et tout ce que je puis faire aujourd’hui, en luttant contre mes défauts, c’est d’empêcher qu’ils ne deviennent plus grands encore, sans pouvoir espérer de les corriger entièrement. Les difficultés résultent de l’état des sciences et des esprits. Aujourd’hui le progrès des sciences historiques et littéraires les a conduites à faire comme les sciences mathématiques et naturelles ; elles s’isolent dans leur spécialité ; elles se font un langage technique,