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les jours, si peu simple, si occupé de lui, si peu digne des belles choses qu’il étudie et des belles âmes qui l’aiment ? Ceux qui croiraient me connaître sur votre parole seraient bien étonnés, en venant frapper à ma porte, de trouver un convalescent de la plus mauvaise espèce, souvent abattu, souvent irritable, toujours inégal, mal résigné aux volontés de Dieu, et mécontent surtout de ne pouvoir reprendre des travaux où sa vanité avait son compte. Je ne vaux guère en santé, mais la maladie qui sanctifie tant de gens ne me rend pas meilleur, et c’est pourquoi j’ai prié et j’ai mis tous mes amis en prières afin qu’il plût au ciel de m’en délivrer. Tant de vœux ne pouvaient pas rester inexaucés ; mais il parait aussi que mes péchés ne pouvaient demeurer impunis. Le danger a bientôt disparu, un moment même la santé a semblé revenir depuis lors la fatigue d’un long voyage a ébranlé mes forces, et je suis ici souffreteux, chancelant, mais ne tombant point, à peu près comme la tour penchée devant laquelle je passe chaque jour. Voilà un exemple qui devrait me rassurer et m’instruire. Car, toute penchante, elle dure depuis tantôt sept cents ans, et elle ne cesse pas de servir Dieu à sa manière, en le célébrant par la voix de ses cloches.

En même temps que ces beaux monuments me font la morale, ils me donnent aussi des leçons de goût et de saine littérature. Ah que je me sens