dans un absolu recueillement ; Ma vie se passe ainsi à lutter contre les circonstances pour leur disputer un loisir dont je profite mal. Souvent je m’enchaîne, pour ainsi dire, à la glèbe, refusant ce que je devrais aux convenances, à l’amitié, au repos même de l’esprit, ne voyant personne, n’écrivant nulle part. Je me fais ainsi de longues journées de travail, et c’est avec grand’peine encore que j’en arrache quelque fruit. Alors je m’inquiète de m’être engagé dans une carrière littéraire, pour laquelle je n’étais peut-être pas fait. Je compte mes trente ans, je me vois les mains vides-d’œuvres, sans mérites devant Dieu, sans titres devant les hommes ; je me décourage, et je vois que j’ai tort d’interrompre ainsi des relations d’amitié et de correspondance, qui me soutiendraient, m’ëclaireraient, et m’auraient déjà peut-être épargné bien des sollicitudes. Voilà l’explication de mes longs silences. Elle ne m’est pas honorable, et vous y voyez cette inégalité d’âme dont je souffris toujours. J’éprouve vivement en moi un mal que je crois être celui de toute là-génération présente. Il y a beaucoup de bonnes intentions, beaucoup d’inspirations généreuses, peu de résolution, encore moins de persévérance. Je vois des intelligences élevées, des volontés droites, mais peu de caractères. Je ne parle ici que des gens de bien.
De tous les dons du Saint-Esprit, celui qui