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au berceau de ce bien-aimé patron qui a préservé ma jeunesse de tant de dangers, et qui a répandu des bénédictions si imprévues sur nos humbles conférences. C’est à sept ou huit lieues de Bayonne, l’affaire d’une petite journée. Nous sommes arrivés d’abord au village de Pouy qu’on appelle maintenant Saint-Vincent-de-Paul, du nom de son glorieux fils. Nous y avons vu le vieux chêne sous lequel saint Vincent, petit berger, s’abritait en gardant ses brebis. Ce bel arbre ne tient plus au sol que par l’écorce d’un tronc dévoré par les ans. Mais ses branches sont magnifiques, et dans cette saison avancée elles ont encore un vert feuillage. J’y voyais bien l’image des fondations de saint Vincent de Paul qui ne semblent tenir à la terre par rien d’humain, et qui cependant triomphent des siècles, et grandissent dans les révolutions. Je vous envoie, cher ami, une feuille de l’arbre béni elle se séchera dans le livre où vous la déposerez, mais la charité ne se flétrira jamais dans votre cœur. On vénère le Saint à l’église de Buglosse, où son culte s’unit à celui de notre Mère et la sienne, la sainte Vierge. C’est là que demain matin j’espère communier, et acquitter une partie de ma dette envers ceux qui ont prié pour moi. C’est assez dire, cher ami, que vous ne serez point oublié.

Après avoir rempli un devoir si doux, la semaine prochaine je quitterai Bayonne et je prendrai le chemin de l’Italie. Fortoul, mon ancien camarade,