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que je ne m’en promettais, et qui jettera une vive lumière sur mes études, si Dieu me permet de les continuer. De cette manière, mon année n’est pas tout à fait perdue. J’avais employé mes loisirs de l’automne à étudier un peu l’Espagne du moyen âge ; mais je ne puis pas me représenter un pays que je n’ai pas vu. La scène principale du moyen âge espagnol est à Burgos, où se passent la plupart des actions héroïques célébrées dans les ballades populaires. C’est la terre des chevaliers, c’est la terre des saints. Ailleurs j’aurais vu des épisodes, mais c’est à Burgos qu’il fallait chercher le poëme. Je l’ai trouvé tout entier. Ce n’est, à vrai dire, que tradition, souvenir, et le plaisir de dire : j'ai vu l'endroit . Mais il y a les monuments. D’abord l’admirable basilique dont je te parlais dans ma dernière lettre, et où nous avons encore passé dès heures sans avoir fini d’en voir les beautés. Ensuite plusieurs églises curieuses où sont prodigués les retables et les tombeaux sculptés dans le goût le plus ingénieux de la Renaissance. Enfin deux grands monastères que nous allions voir quand j’interrompis ma lettre. Le premier, celui de Las Huelgas, est un couvent de dames nobles, fondé par Alfonse VIII en 1185 pour prier sur la sépulture des rois, et pour donner un asile aux princesses qui voudraient fuir le monde dans ce siècle orageux. Le second monastère, celui des Chartreux, fut élevé par la grande Isabelle en mémoire de son