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cismes . Du reste, j’ai trouvé les gens fort doux, obligeants, et les personnes auxquelles nous étions recommandés nous ont comblés d’attentions. Je vois pourtant que vous froncez le sourcil, et. que vous avez bien envie de censurer mon escapade. Cependant ne croyez pas, mon cher maître, que j’aie foulé aux pieds les oracles d’Hippocrate. J’avais permission de médecin jusqu’à Burgos. Nous avons trouvé de bonnes diligences, des auberges en général passables, et, malgré un temps froid et pluvieux, je ne me suis jamais mieux porté. Ma poitrine a très-bien résisté au vent glacé de la Vieille-Castille ; pourtant j’ai compris qu’il ne faudrait pas tenter la Providence en prolongeant ces expériences pendant l’hiver. J’ai donc remercié Dieu de m’avoir permis un voyage si agréable et si utile, et je me suis résigné réserver le reste de l’Espagne pour des temps meilleurs. Mes trois jours de Burgos m’avaient paru bien courts, du moins j’ai pu en prolonger un peu le souvenir en rapportant quelques lithographies point trop mauvaises, de bonnes notices sur les monuments, particulièrement un excellent mémoire sur la Chartreuse, enfin des légendes et des romances populaires, que j’ai achetées au milieu d’une troupe de muletiers et de paysans ; ils en achetaient comme moi, d’où j’ai conclu avec édification qu’ils savaient lire. Pour m’avoir exilé à deux cents lieues de vous, sans doute vous pensez être à l’abri de mes impor--