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LXXXI
À M. DUFIEUX
Biarritz, 6 novembre 1852.
Mon cher ami,

Je suis arrivé à Biarritz fatigué de quelques excursions dans les montagnes : il a fallu plusieurs semaines pour me remettre. Enfin on a décidé que je passerais l’hiver dans le Midi ; mais je ne sais encore sous quel ciel. Je suis à la porte de l’Espagne, très-attiré par ce beau pays, un peu effrayé des difficultés et des fatigues qu’on m’y promet. Au milieu de ces incertitudes, le découragement me gagne : je m’afflige de tant de mois perdus à une époque de la vie où il ne faudrait pas perdre un jour, et je retombe dans une tristesse qui me fait trop oublier que je suis chrétien.

Toutefois, cher ami, je me reproche souvent mon ingratitude. Car Dieu, en me soumettant à cette épreuve, m’a entouré de tout ce qui pourrait l’adoucir… Je souffre peu, je vais, je viens, et je