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et la France, qui restaurent leurs monuments historiques, n’aient pas couvert d’une terrasse protectrice le coin de terre où se conclut la paix des Pyrénées. Descendons encore, et au bout de trois quarts d’heure, voici à notre droite Hendaye, le dernier bourg de France ; à gauche, Fontarabie, la première ville forte de nos voisins. C’est ici qu’on voit toute l’horreur de la guerre et de quels maux se paye la gloire des conquérants. Hendaye n’est plus qu’un monceau de débris, au milieu duquel s’élève une blanche église, comme une croix sur un tombeau. Le canon de Fontarabie a fait ces ravages, mais les mineurs français ont fait sauter les remparts de Fontarabie, et vous y entrez, comme il faut entrer en Espagne, par des ruines. Mais ces ruines sont nobles, belliqueuses, et j’ai ouï dire à de bons voyageurs qu’il fallait aller loin pour trouver une ville qui eût aussi bien conservé le caractère castillan. A peine avez-vous passé sur des restes de bastions croulants, et sous une porte menaçante, vous voyez monter devant vous une rue bordée de maisons antiques, toutes garnies de grands balcons, de vérandas, de loges grillées et vitrées, d’où les belles Espagnoles peuvent voir et se laisser voir autant qu’il leur convient. Au-dessus des portes, les armoiries des habitants, dans un pays où le tiers des familles est noble de légitime noblesse. De loin en loin, quelques palais délabrés, mais d’une forte architecture. En haut