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enseignes de boutiques parlent le castillan le plus pur, j’hésite à pousser jusqu’à Séville. Il est vrai que je suis bien bon.de vous faire cet "aveu. Je viens de lire deux Itinéraires, l’un de M. de Laborde, l’autre de M. de Custine, le livre de M. Weiss sur la décadence de l’Espagne, un volume de Ticknor sur la littérature de ce pays. Rien au monde ne m’empêche d’écrire un tour complet de la péninsule, ou mieux encore de m’en faire les honneurs dans les salons de Paris. J’ai recueilli nombre de légendes et de poésies charmantes, je sais des histoires surnaturelles à faire frémir ; je possède par cœur mes fueros des provinces basques, je puis dire combien Valence exporte d’oranges, et combien Cadix reçoit de livres de beurre d’Irlande ; rien ne m’empêche de hérisser mon récit d’un certain nombre de mots que Cervantes ne désavouerait pas, et qui donneraient a tous mes dires le cachet de. la plus vive réalité.

Ainsi, ne me vendez pas, et contentez-vous de savoir comme quoi j’ai poussé la conscience jusqu’à passer vingt-huit heures sur le territoire espagnol.

Donc, le 22 octobre à midi, par une chaleur de juillet, nous arrivions au bord de la Bidassoa, et peu après un bateau nous emportait sur ces eaux si souvent et si cruellement disputées. Bientôt nous vîmes fuir devant nous l’ île des Faisans, grand nom mal soutenu, car la pauvre île s’en va rongée par les eaux, et l’on ne comprend pas que l’Espagne