Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/434

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veille, et que je me portais bien. Le moyen après cela de me permettre le plus léger rhume, la moindre fièvre ? Vous pouvez donc rassurer vos craintes amicales, et croire à la prospérité des santés qui vous intéressent ici.

Nous attendons tous avec une curiosité impatiente votre livre sur l’Allemagne. La statistique des écoles y tiendra-t-elle la première place, ou la rejetterez-vous dans les notes et pièces justificatives pour le petit nombre des lecteurs sérieux ? Ne philosopherez-vous point un peu, malgré la défaveur de cette pauvre philosophie, qui expie, à vrai dire, quelques péchés passés ? Ne pourrez-vous, sans déclarer la guerre à la raison humaine, nous montrer les égarements de la raison révoltée, en nous la faisant suivre depuis la chaire de Hegel jusqu’à la commune libre de Magdebourg ? De ma vie je n’oublierai tout ce que vous nous avez conté au retour, et conté avec tant de précision, de couleur et de vie. Ah ne laissez point pâlir cette image comme j’ai laissé s’évanouir celle du voyage de Sicile ! Hélas ! dans la présomption de ma jeunesse, je dédaignais l’île sacrée de Cérès, mes vœux atteignaient déjà d’une part les colonnes d’Hercule, et d’un autre côté les plages de la Palestine. Que de fois au coin du feu, avec madame Ozanam, tout en retournant un tison à demi brûlé, je m’embarquai pour la terre sainte ! Et voici qu’arrivé à Bayonne, dans une ville à demi espagnole, où la moitié des