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LXXXIX
À M.L.
Biarritz, 19 octobre 1852.

Mon cher ami,

L’exil qu’on m’inflige est bien long, et quoique j’aie avec moi ce qui m’est le plus cher, j’éprouve tous les jours que les jouissances de la famille ne font pas oublier les peines de l’amitié. Je ne puis m’accoutumer à la pensée de rester encore cinq mois sans voir ni vous, ni Cornudet, ni cet excellent Pessonneaux, ni aucun de ceux que Dieu m’a donnés pour compagnons de route sur la terre. Cette séparation me désole cependant j’ai l’extrême douceur de voir ma femme et mon enfant pleines de santé, de pouvoir jouir d’elles, et donner à l’éducation de ma petite Marie un temps qu’autrefois je n’avais pas ; enfin de posséder en ce moment mon frère Charles, qui a fait deux cents lieues pour venir passer trois semaines avec nous. Avec cela je devrais être heureux et bénir la miséricordieuse Providence et pourtant, cher ami, je