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bleue, qui creuse et découpe le rivage en mille manières et va expirer du côté du midi, au pied des montagnes d’Espagne. L’air y est singulièrement doux, et nous n’y avons plus trouvé ces temps détestables qui nous poursuivaient aux Eaux-Bonnes comme vous à Lyon. Nous allons rester la jusqu’au 15 octobre avec les huîtres et les lézards dont nous envions le calme et la santé. Ma femme et ma nlle nagent déjà comme des poissons, il nous reste donc peu à faire pour passer à l’état de reptiles et de mollusques. Pour ce qui regarde l’esprit, j’ai déjà fait la métamorphose complète, et je sais parfaitement l’art de perdre mes journée.

J’excepte néanmoins celle où je vous écris, je ne la tiens pas pour perdue, si cette lettre va entretenir vos bons sentiments en faveur du pauvre exilé. Je ne renonce pas à l’espérance de vous embrasser dans quelques semaines. Puissé-je vous embrasser bien portant, remis de vos fatigues ! Madame Ozanam prétend que je vous présente ses compliments les plus affectueux, elle vous veut du bien parce que vous aimez un homme très-peu aimable qu’elle a le tort d’aimer aussi. La petite personne qui se porte à ravir vous offre tous ses respects. Enfin il y a un coin de rocher où l’on est tout à vous et où l’on voudrait bien vous voir.