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res la source sulfureuse : franchement, j’aimerais. mieux votre cidre. Puis je grimpe à la suite des chèvres sur les rochers d’alentour pour digérer ce breuvage qui indigne mes entrailles. Je mène avec moi tout mon clan ; et quand nous aurons décampé de ces hauteurs, nous irons prendre les bains de mer à Biarritz puis on m’exile dans le Midi pour tout l’hiver.

Au milieu de cette vie nomade que la nécessité nous impose, il nous est bien doux de recevoir de vos nouvelles. Les sauvages beautés du Pic du Midi ne nous font pas oublier les affections que nous avons laissées à Keransker. Ah que nous eussions voulu aller y pendre la crémaillère en compagnie de notre ami Ampère ! Nous l’avons vu à son retour du Mexique aussi excellent, mais aussi vagabond que jamais ; il gémit déjà de passer l’hiver à Paris mais en même temps, il m’a montré dans ma maladie la tendresse la plus touchante. Il ne vous oublie pas non plus, et que de fois nos entretiens se sont tournés vers vous ! Enfin vous avez Hilda. Que pensez-vous de la belle barbare, et la trouvez-vous au-dessous d’une si longue attente ? Mais je suis bien fou de vous pousser à des lectures qui effaceraient à jamais de votre souvenir mes pauvres Poëtes franciscains . Rappelez-vous au contraire que ce sont des moines mendiants, et qu’ils ne cesseront de vous importuner, jusqu’à ce que vous leur ayez fait la charité d’un article. Ah !