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et qui viennent à Paris donner des leçons pour faire vivre leurs femmes et leurs enfants. Non, le catholicisme n’est, dénué ni d’héroïsme dans le temps de Mgr Affre, ni d’éloquence dans le temps du Père Lacordaire, ni de tous les genres de gloire et d’autorité dans le siècle qui a vu mourir chrétiens Napoléon, Royer-Collard et Chateaubriand.

Indépendamment de cette évidence intérieure, depuis dix ans j’étudie l’histoire du christianisme, et chaque pas que je fais dans cette étude affermit mes convictions. Je lis les Pères, et je suis ravi des beautés morales, des clartés philosophiques dont ils m’éblouissent. Je m’enfonce dans les âges barbares, et j’y vois la sagesse de l’Église et sa magnanimité. Je ne méconnais pas les désordres du moyen âge ; mais je m’assure que la vérité catholique y lutta seule contre le mal, et tira de ce chaos les prodiges de vertu et de génie que nous admirons. Je suis passionné pour les conquêtes légitimes de l’esprit moderne ; j’aime la liberté et je l’ai servie mais je crois que nous devons à l’Évangile la liberté, l’égalité, la fraternité. Sur ces différents points, j’ai eu le loisir et les moyens d’étudier les difficultés, et elles se sont éclaircies mes yeux. Mais je n’en avais pas besoin, et si d’autres devoirs m’avaient interdit ces études historiques où j’ai trouvé tant d’intérêt, j’aurais raisonné pour elles comme je raisonne pour les études exégétiques dont l’accès m’est fermé. Je crois à la vérité du