Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/410

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la mer, et je ne puis songer à Dieppe sans me rappeler cette promenade que nous y fîmes sur la plage, en attendant le bateau à vapeur. Vous nous parliez des jours que vous aviez passés là avec madame Récamier, M. de Chateaubriand, M. Ballanche. Vous nous faisiez revivre ces belles âmes que nous avons connues par vous, et dont le souvenir uni au vôtre sera toujours le charme de nos pensées. Mais, malheureux que vous êtes, pendant que vous nous enchantiez de cet entretien, vous méditiez déjà votre trahison, et des bords de la Manche, vous tourniez vos regards vers les docks de New-York et vers la capitale de Washington ! Si vous n’avez voulu échapper qu’à nos importunités, vous avez bien fait ; mais si vous pensiez échapper à notre affection et à nos sollicitudes, soyez sûr que vous ne vous êtes jamais plus trompé. Je n’entreprends pas de vous donner des nouvelles de tous vos amis, la liste en serait trop longue car je ne puis entrer dans un salon sans être abordé par des gens qui s’informent de vous. C’est. ce qui m’arriva notamment l’autre soir chez madame de Boignes, où je me fis beaucoup d’honneur en annonçant le premier que vous étiez à la Nouvelle-Orléans et que vous partiez pour la Havane. Le Chancelier décida que vous ne pouviez mieux faire, et que vous verriez là le paradis terrestre. M. et madame de Salvo ne cessent de vous nommer dans toutes leurs conversations, surtout quand