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regret de ne pouvoir vous visiter ces vacances ! Heureusement que les finances de notre errant ami ne sont pas si grandes que ses désirs, et la personne chargée de ses fonds m’assure qu’il n’a pas de quoi faire le tour du monde. Sérieusement il compte revenir au printemps prochain. Mais ne nous reprochez pas de l’avoir laissé partir ; j’ai fait autant de résistance qu’en permettait l’amitié, ç’est-a-dire jusqu’au point où plus d’opposition l’aurait fâché ; il m’effraye en effet autant qu’il m’étonne. J’ai toujours peur d’apprendre qu’il est dans quelque mauvaise bourgade, au bord des bois avec quelque vilain mal, et. ce qui serait encore pis, avec un médecin américain. Je le vois sans amis, à cent lieues d’un prêtre. Cependant je dois ajouter qu’il s’est embarqué très-bien portant, ses nouvelles sont bonnes, et il quittera l’Amérique avant la saison des fièvres jaunes. En attendant priez pour lui, il aime que ses amis prient, et ne l’oubliez pas le soir, dans cette réunion de la famille devant Dieu, à laquelle nous prenions part l’année dernière avec tant d’édification et de douceur.

Je me sens coupable devant vous d’un dernier crime. C’est que moi, si bien accueilli de vos Bretons, la main chaude encore de leurs étreintes fraternelles, je sois allé voir les Saxons, leurs mortels ennemis, Soyez en paix, mon cher, j’ai vu les Anglais, je les ai quelquefois admirés, mais ils ne m’ont pas séduit. Sans doute on ne peut voir sans