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LXIX
À M. CHARLES OZANAM.
Dieppe, 5 septembre 1851.

Mon cher frère,

Mille remercîments des soins que tu as pris. Mon livre et mes notes me sont arrivés hier sans accident. Je n’en travaille pas beaucoup plus pour cela ; mais je me dis que je puis travailler, ce qui est déjà une assurance contre l’ennui. Ensuite je parcours mes notes, j’ouvre mon livre, je donne carrière à mon imagination, je fais des plans, jusqu’à ce qu’Amélie m’emmène à la jetée où le vent du Nord emporte mes plans, et je me mets à regarder pour la vingtième fois jusqu’à quelle hauteur s’élèvera la mer, ou combien l’on compte de voiles à l’horizon. Tu vois que l’étude ne me tue point. Lundi nous passâmes une des plus charmantes journées. Le ciel était d’une sérénité parfaite ; la mer argentée, étincelante, venait se jouer sur le sable ; à droite et à gauche les blanches falaises se courbaient pour former un bassin im-