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per aux iconoclastes. Ils l’ont mutilée, et le saint portant malheur aux rois qui reposaient à son ombre, les sépultures des PIantagenets sont là, profanées, délabrées si bien que le.voyageur français qui les visite ne peut voir sans pitié ces vieux et illustres ennemis de son pays réduits à cet état d’abandon et d’ignominie[1].

Et le Parlement, qui trouve des millions pour se bâtir un palais superbe, n’a pas de subsides pour restaurer les tombeaux de ses anciens rois ; le fanatisme protestant ne le permettrait pas. Il veille sur ces ruines qu’il a faites, on dirait que c’est hier qu’il a passé là le marteau à la main. Ah ne louez plus cette nation de son respect pour le passé, aucune n’a poussé plus loin la haine et le mépris du passé chrétien elle ne s’est attachée avec tant d’opiniâtreté à la tradition dans les affaires politiques, dans celles qui changent, qu’en abandonnant la tradition dans les choses éternelles. Nous avions cru pendant vingt ans à leur tolérance et à leurs lumières ; mais le vieux préjugé protestant n’était que muselé, les hommes d’État se réservaient de le

  1. Le P. Lacordaire, dans sa notice sur Ozanam, raconte le trait suivant « Un jour, dit-il, qu’il visitait l’église de Westminster. mêle a une foule d’étrangers et d’inconnus, il arriva derrière le chœur, en face du tombeau de saint Edouard. La vue de ce monument mutilé par le protestantisme le saisit de douleur, et, tombant à genoux devant les reliques telles quelles du saint Louis de l’Angleterre, il pria seul en expiation de tout ce peuple qui ne connait plus ses saints, et au mépris de l’assistance qui te prit sans doute pour un idolâtre, sinon pour un fou. »