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je m’attacherais trop à la terre, si de temps à autre les peines de santé ne venaient troubler mon repos. Celle année je vais beaucoup mieux, mais on m’a engage a changer d’air, et un peu entraînés parie flot des sots et des curieux, un peu poussés par les médecins, nous avons passé le détroit, madame Ozanam et moi, et nous avons visité Londres, d’où nous venons prendre les bains de mer à Dieppe.

Vous me dispenserez, cher ami, de vous décrire le Palais de Cristal. Les journaux vous ont entretenu de cette merveilleuse exposition qu’on ne peut assez louer, si l’on y considère la victoire de l’homme sur la nature et l’accomplissement le plus magnifique de la loi qui nous condamne au travail. Car c’est du travail et de la sueur humaine qu’ont jailli ces piliers de fonte, ces voûtes de verre et tous les trésors qu’elles renferment. L’Angleterre y offre une hospitalité à toutes les industries de la terre, sans s’oublier néanmoins, et sans négliger de s’y faire la meilleure part. Elle étonne, elle subjugue les meilleurs esprits par le spectacle de sa puissance matérielle, par la hardiesse de ses machines, par le bon marché de ses tissus. Mais il y a deux choses qu’elle se garde d’exposer, et que ces visiteurs d’un jour n’ont pas vues, quand ils vont publiant que le peuple anglais est le premier du monde ; ces deux choses sont : la misère des pauvres, et la violence des passions protestantes