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LVIII
À M. EUGÈNE RENDU
Truscat, 16 octobre 1850.

Ah ! mon ami, quelle affreuse nouvelle, et que j’étais loin de m’y attendre quand je vous écrivais la semaine dernière cette lettre dont je me reproche maintenant la cruelle gaieté ! Voilà donc l’impuissance des affections humaines, et comment, même avec les personnes les plus chères, nous sommes loin de cette harmonie de sentiments qui est l’idéal de l’amitié ! Pendant que j’achevais joyeusement mon pèlerinage de Bretagne, vous étiez, cher ami, avec tous les vôtres autour de ce triste lit sur lequel toute votre tendresse n’a pu retenir votre mère bien-aimée. Elle vous a quittés ; elle vous a quittés, et je sais trop tout ce qu’il y a d’amer dans cette pensée, puisqu’elle me tire des larmes en me rappelant qu’il y a onze ans, ma pauvre mère aussi me quitta. Non, cette blessure ne se fermera jamais le temps séchera vos pleurs, Dieu vous donnera d’autres consolations ; mais au milieu de vos