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aimions a voir avec ses simples habits, tout entourée de l’affection et des égards de sa famille. La nous avons célébré la solennité champêtre par un déjeuner qui ne l’était pas trop car les bons morceaux n’y manquaient point, le champagne y coulait comme de source, et avec lui les joyeux propos. Enfin, après vêpres, la procession, qui est le beau moment de la fête. Figure toi une plaine toute verte et descendant vers la mer, étincelante des derniers feux du jour. C’était la que se déroulait le cortège, ouvert comme toujours par de petites filles vêtues de blanc, à la suite desquelles nos cinq enfants formaient le plus joli groupe du monde ; puis les garçons, les femmes, les marins précédés d’un, grand drapeau de la république et portant sur leurs épaules un petit vaisseau avec une Madone au gaillard d’arrière ; enfin les prêtres, la statue de la sainte Vierge sur un brancard, le maire avec un nombreux groupe d’hommes, et la foule marchant à la suite, ou se dispersant pour contempler les sinuosités de la procession dans cet admirable paysage. Le plus touchant était un pauvre jeune homme de vingt-trois ans, destiné au sacerdoce, mais atteint d’une maladie dont il ne guérira pas. On le voyait tout en noir, sur le seuil de sa porte où il s’était traîné, tout heureux de voir une dernière fois la procession de son pays. Les bannières flottaient et faisaient l’orgueil des porteurs assez forts pour, marcher contre le vent ; le soleil