Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LII
À M CHARLES OZANAM
Château du Truscat, 10 septembre 1850.

Mon cher frère,

Tes bons avis devaient bien me faire tomber la plume des mains, et me tranquilliser parfaitement sur cette vie d’oisiveté que je mène, par la volonté de ma respectable famille. Cependant j’ai la conscience si honnête, que j’éprouve un serrement de cœur à me coucher avec la pensée de n’avoir rien fait de tout le jour : un bout de lettre me semble quelque chose, et me persuade que je sais encore aligner trois mots à la suite l’un de l’autre. Ensuite je ne puis : m’accoutumer a voir un pays intéressant, des mœurs curieuses, sans communiquer mes plaisirs aux gens que j’ai la faiblesse d’aimer. Enfin, cher frère, il faut bien confesser que tu me manques, et qu’en t’écrivant, je me prépare la consolation de recevoir tes réponses. Voilà bien trois motifs qui me font enfreindre aujourd’hui les