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XLIX
À M. DUFIEUX
Paris, 14 juillet 1850.

Mon cher ami,

Assurément non, je ne vous en veux point de votre franchise. Je vous remercie même de cette confiance sans laquelle il n’y a pas d’amitié. Mais laissez-moi me plaindre un peu des excès de votre imagination. Jamais je ne vous ai donné lieu de concevoir de moi cette ambitieuse espérance dont vous parlez : jamais je n’aspirai à remplacer les grands hommes dont vous déplorez la chute : je me connais depuis longtemps, et si Dieu a bien voulu m’accorder quelque ardeur au travail, je n’ai jamais pris cette grâce pour le don éclatant du génie. Sans doute, au rang inférieur où je suis, j’ai voulu consacrer ma vie au service de la foi, mais en me considérant comme un serviteur inutile, comme un ouvrier de la dernière heure que le maître de la vigne ne reçoit que par charité. Il m’a semblé que mes jours seraient bien remplis,