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XLVIII


A M. DUFIEUX.


Paris, 5 juin 1850.


Mon cher ami,


Ne croyez pas que je m’accoutume à me passer des amis de Lyon, des vieux amis, des vrais amis. Rien ne les remplace, pas même les bonnes et affectueuses liaisons que j’ai pu former ici depuis dix ans. Non, rien ne vaut pour moi une heure passée avec vous sous ces belles allées du Luxembourg qui sont à ma porte. Là, nous aurions parlé de tout ce qui nous intéresse, et d’abord de vous et de madame Dufieux, de vos santés, de vos enfants, de vos peines, de vos espérances. Nous aurions passé en revue tous ceux que nous aimons ensemble. Enfin, après avoir épuisé des sujets si doux, nous aurions pourvu au gouvernement du monde, démontré sans effort comment la chose publique est mal administrée, et comme quoi tout irait mieux si l’on voulait prendre nos conseils. La vérité est que je m’inquiète fort de la voie où l’on nous jette, et qui a conduit les hommes de la Res-