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constituante, ni les principes de 89 qui sont les miens comme les vôtres. Je songeais à d’autres novateurs et à d’autres impatients que vous n’absoudrez pas plus que moi, à ceux qui, ne croyant pas à l’autre vie, exigent tout de celle-ci, et qui veulent réformer le monde en substituant la morale de la jouissance à celle du sacrifice et du dévouement.

Nous sommes tous deux les serviteurs de la même cause seulement j’ai l’avantage de la croire plus ancienne et par conséquent plus sacrée. Souffrez que je vous le dise, mon cher collègue, si au lieu d’être resté sur le seuil du christianisme, vous aviez comme moi le bonheur de vivre au dedans, d’y avoir déjà passé dix-huit ans d’études, si vous étiez allé au delà de Bossuet qui représente à coup sûr une partie et une époque de l’Église, mais avec les erreurs de son temps ; si vous vous nourrissiez de ces admirables Docteurs du moyen âge, et de ces Pères qui seraient une lecture si digne de votre noble intelligence, vous ne feriez dater de la révolution ni la liberté, ni la tolérance, ni la fraternité, ni aucun de ces grands dogmes politiques servis par la révolution, mais descendus du Calvaire. Vous trouveriez par exemple que mon opinion sur l’intervention du bras séculier fut celle de saint Bernard, comme de saint Martin et de saint Ambroise ; que l’Inquisition d’Espagne, poussée par les rois, fut blâmée et désavouée par les