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général Cavaignac, au milieu des acclamations de la multitude.

Adieu, cher frère, prie pour nous.


Ozanam fait ici allusion au fait suivant : étant de service comme garde national, le dimanche, 25 juin, avec M. Cornudet et M. Bailly, à un poste de la rue de Madame, ils s’entretenaient ensemble des rumeurs de plus en plus sinistres auxquelles donnait lieu la prolongation de la lutte ; tout à coup la pensée de l’intervention de l’archevêque jaillit de leurs angoisses, et il leur parut que ce serait un grand triomphe pour l’Église si Monseigneur se faisait médiateur au milieu de cette effroyable guerre civile. Ils allèrent aussitôt en parler à M. l’abbé Buquet, qui les approuva et leur donna une lettre qui devait leur servir de sauf-conduit pour arriver à travers les barricades jusqu’à l’archevêché.

Mgr Affre les reçut avec sa bonté accoutumée, et, après avoir écouté le projet qu’ils venaient lui exposer, il leur répondit avec une admirable simplicité : « Je suis pressé par cette pensée depuis hier, mais comment la réaliser ? Comment parvenir jusqu’aux insurgés  ? Le général Cavaignac permettra-t-il une telle démarche ? Puis, où le trouver lui-même ? »

Ces messieurs répondirent à toutes les objections par l’assurance qu’il serait accueilli partout avec vénération. « Vous avez raison, dit-il avec une sorte de soumission. Eh bien, je vais y aller ; je vais mettre ma soutane pour ne point être remarqué, et vous me montrerez le chemin. »

Au moment où il allait s’habiller, entre un prêtre qui raconte, avec le plus grand effroi, des détails terribles de l’insurrection, dont il a été témoin il n’y a qu’un instant. Mon-