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tout à l’heure encore voulait me prendre une de vos lettres sous prétexte qu’elles lui appartiennent ; ma chère Amélie, dis-je, si longtemps éprouvée par le chagrin, jouit depuis quelques mois d’une satisfaisante santé. Notre petite Marie se porte à ravir, grandit et ne maigrit pas ; et la voici à page le plus heureux de l’enfance, deux ans et demi déjà assez développée pour causer, comprendre et nous couvrir de caresses, trop petite encore pour étudier, pour se faire sérieusement punir. Nous jouissons avec une profonde reconnaissance de ce court bonheur que Dieu nous a donné. Nous avons aussi les souvenirs de notre beau pèlerinage de l’année dernière et dont les émotions ne s’effaceront pas de sitôt. Enfin, nous avons des amis, qui sont en grande partie les vôtres ; il est inutile de vous dire ce qu’on trouve de ressources auprès d’eux. dans les bons et les mauvais jours. Je ne parle pas de la famille de ma femme, de mes frères que vous ne connaissez point et dont la tendresse nous est bien douce.

Vous voyez que la divine Providence me traite avec ces ménagements .dont les faibles ont besoin. Assurément, elle y mêle assez d’épreuves pour me rappeler qu’il faut chercher le repos ailleurs qu’ici bas, mais jusqu’à présent elle me fait un partage bien indulgent ; et je suis bien mauvais de n’en pas montrer plus de reconnaissance. La jeunesse s’en va et je ne m’aperçois point que j’en devienne