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gloire d’être bourgeois d’Oberwesel. La ville, au temps d’Henri VII, était ville impériale ; c’est, pourquoi on voit des aigles sur les murs. Nulle part au monde le moyen âge ne paraît plus conservé ; l’imagination a peu de frais à faire pour réparer les brèches de la vieille enceinte, et pour la repeupler de ses vieux habitants.

Ce travail de l’imagination est encore plus facile à Stolzenfels. Maintenant qu’un prince en a relevé et meublé les murailles, il n’en coûte rien pour se croire transporté au siècle de la chevalerie, et pour se représenter les conditions de la vie féodale. On comprend cette vie solitaire, mais indépendante; incommode, mais superbe ; cette richesse qui ne donnait point ce que nous appelons l’aisance, mais la force ; ce plaisir des yeux qui dominaient une admirable contrée sans y découvrir ni maître ni obstacle. A. cette hauteur, au-dessus des petits intérêts et des petites craintes, il était facile que les cœurs fussent élevés, invincibles. Si les nobles ont fait les châteaux, on peut dire aussi que les châteaux ont fait les nobles. Rheinfels, Ehrenfels, Marxsburg, Stolzenfels, Heidelberg ce sont les berceaux, ce sont les nids de tous ces aigles de batailles s’ils n’avaient pas habité dans les tempêtes, ils n’auraient pris ni un vol si haut, ni un cœur si intrépide.

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